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Biochimie et vie biologique

pH : un peu de Biochimie

Par Jean-Pierre Perraud

 

C’est en 1909 que le chimiste danois Sörensensoren-sorensen2.jpg  introduit la notion de pH, dans un mémoire resté fameux et intitulé : « Etudes enzymatiques sur la mesure et la signification en ions hydrogène dans les processus enzymatiques ».

Peu compréhensible pour les profanes, ce mémoire, écrit en langage scientifique, explique à l’aide de formules chimiques et de graphiques les caractéristiques des composants d’une solution acide ou basique (alcaline). Très en vogue pendant plus d’un siècle, ils furent plus ou moins abandonnés dans les années cinquante, c’est-à-dire après l’avènement de la chimie.

 

 

LE pH : UN PEU DE BIOCHIMIE

Pour les scientifiques, pH veut dire puissance d’hydrogène ou exposant d’hydrogène. Ce qui, en clair, signifie mesure de la concentration en ions d’hydrogène d’une solution et réactions biochimiques qu’ils entraînent au sein de cette solution en sachant que celle-ci peut, selon qu’elle gagne ou perd des ions d’hydrogène, évoluer vers l’acidité ou, au contraire, l’alcalinité.
 
pH ET BIOLOGIE
 
Les fonctions organiques de l’être humain obéissent également à des constantes biologiques soit acides, soit basiques.
 
-  Ainsi le cerveau et le liquide céphalo-rachidien sont alcalins — leur pH varie entre 7,9 et 8,1.
 
-  La bouche et la salive sont naturellement alcalines — pH : de 7,1 à 7,4 (la salive contient des bicarbonates qui sont chargés de neutraliser les toxines alimentaires acides et l’acide lactique issus du sucre et des hydrates de carbone).
 
-  Le sang est alcalin, son pH normal, à la température du corps, varie entre 7,38 et 7,43.
 
-  Le pH de l’humeur aqueuse et celui de la Iymphe sont voisins de 7,9, donc alcalins.
 
-  Le pH de l’oreille interne se tient aux alentours de 7,4.
 
Les diverses sécrétions (mucus, glaire, bile, larmes, sécrétions utérines, sperme) sont généralement tamponnées (alcalines) pour maintenir la réaction du milieu dans une zone favorable à l’activité des enzymes (diastases).
 
-  Les selles normales sont très légèrement alcalines (pH entre 7 et 7,5) : un pH de 6 est donc signe de fermentations anormales.
-  En revanche, les sécrétions de l’estomac sont très acides : le suc gastrique contient de l’acide chlorhydrique libre et son pH est voisin de 1 (du moins chez l’adulte, car le contenu de l’estomac du nourrisson présente un pH supérieur à 5).
 
Les sécrétions vaginales sont acides par la présence d’acide lactique — leur pH est de 4,5.
 
-  Le pH normal de l’urine est acide et varie entre 5,8 et 6,2.
 
-  Les acides biliaires ont un pH qui varie entre 3,8 et 4,3.
 
 
Tous ces pH biologiques correspondent à l’état normal. Des variations entraînent des troubles pathologiques.
 
Sont acides : les vinaigres - le jus de citron - le jus d’orange - le jus de groseilles - les acides organiques : acide urique, acide lactique - I’acide chlorhydrique - I’acide nitrique - I’acide sulfurique - le yoghourt - les tomates - le miel.
 
Sont basiques ou alcalins : les bicarbonates : de calcium, de potassium de sodium - les hydroxydes : de magnésium, d’aluminium - les pommes de terre - les légumes verts crus ou cuits : salades, haricots verts, chou - le lait - les eaux minérales alcalines.
 
Les phénomènes vitaux ne peuvent se produire que dans une zone très limitée de pH, en dehors de laquelle toute vie, depuis celle du plus simple des micro organismes jusqu’à celle de l’homme, peut être paralysée. Une telle sensibilité aux variations du pH nécessite une possibilité de régulation très efficace : les milieux biologiques sont tamponnés, c’est-à-dire alcalins.
 
Ainsi, l’eau des mers — dont on pense aujourd’hui qu’elle fut la soupe prébiotique, d’où les premières formes vivantes émergèrent — et des océans constitue un énorme milieu tamponné : la vie n’y est possible que si le pH varie en moyenne entre 7,5 et 8.
Une acidification du pH marin (fonte des glaces, pluies acides, chaleur excessive) entraîne les migrations saisonnières de certains poissons qui ne peuvent se développer en milieu trop acide. Chez les animaux supérieurs et chez l’homme, c’est le pH du milieu intérieur qui reste constant : le pH du contenu cellulaire varie peu, tout comme celui du milieu extra-cellulaire.
 
 
LES MODIFICATIONS DU pH
 
Le Dr Kousmine explique que l’alimentation et le métabolisme tendent à provoquer dans l’organisme de grandes variations de l’acidité ou de l’alcalinité.
 
Un régime riche en viandes sera acidifiant car les acides aminés soufrés des protides fournissent de l’acide sulfurique.
De même un régime trop riche en yoghourts, surtout ceux qui contiennent de l’acidophilus bifidus, crée un terrain acide en vidant l’intestin de ses réserves alcalines.
 
L’intestin utilise ses bicarbonates et ses hydrogénates pour neutraliser l’acidité naturelle du yaourt. La publicité outrancière de certaines multinationales alimentaires faite à la télévision pour inciter à la consommation excessive de yaourts est un véritable scandale, surtout lorsqu’elle s’adresse aux enfants qui, on le sait, ont besoin de leurs réserves alcalines pour protéger leurs dents et leur squelette.
 
Même chose pour les régimes trop riches en miel ou tout simplement en sucres, qui sont des aliments potentiellement acides puisqu’une partie des glucides sera transformée en acide lactique, acidificateur de terrain.
En revanche, un régime trop riche en végétaux apportera au contraire un excès de bases.
 
 
LE DESEQUILIBRE ACIDO-BASIQUE DANS L’APPARITION DES MALADIES FONCTIONNELLES ET INFECTIEUSES
 
Force est de reconnaître aujourd’hui, en raison de nos habitudes alimentaires et du mode de vie que nous menons, que si l’équilibre acido-basique est rompu, c’est presque toujours vers l’acidification.
 
Le déséquilibre acido-basique, dans le fonctionnement des différents systèmes organiques de l’être humain (sang, lymphe, humeur, bouche, estomac, vésicule, intestin, peau, poumons, reins) entraîne la surcharge du terrain organique en toxines diverses.
Les déchets qui s’accumulent sont soit des substances exogènes qui ont trouvé le terrain favorable à leur prolifération (microbes, parasites), soit des toxines alimentaires résiduelles qui n’ont pu être éliminées (acide urique, urée, cholestérol, plaque d’athérome).
 
La surcharge du terrain en déchets provoque de graves dommages à l’organisme. Les sérums et liquides organiques qui charrient les déchets s’épaississent et circulent de plus en plus difficilement. La circulation sanguine et l’irrigation des tissus se ralentissent et les échanges cellulaires s’appauvrissent. Les substances nourricières et l’oxygène actif ont de la peine à être véhiculés jusqu’à leur site d’utilisation.
Outre les troubles fonctionnels qui en résultent s’ajoutent les lésions provoquées par l’agressivité des déchets. Les toxines acides ou basiques (plus rarement) irritent, enflamment et finissent par détruire les tissus.
 
Le déséquilibre acido-basique organique entraîne chez l’être humain l’apparition de maladies ponctuelles, chroniques ou dégénératives. Si les deux premières constituent un état morbide facilement réversible (mycoses, aphtes, gastrites, colites, migraines, eczémas, cystites, sinusites), il en va tout autrement des maladies dégénératives.
 
Rien ne résiste aux toxines acides et à leur agressivité. Les tissus osseux, les articulations, les vertèbres sont rongés, cariés, corrodés, induisant des arthroses dégénératives.

De même l’organisme, en puisant sans cesse dans les réserves alcalines intestinales pour neutraliser les toxines acides, finit par déstabiliser la flore microbienne saprophyte intestinale. 400 germes saprophytes vivent dans l’intestin, et ce, en bonne intelligence avec l’organisme. Leur rôle est d’assurer la pérennité du système immunitaire en neutralisant les germes pathogènes. Une simple modification du pH intestinal (naturellement alcalin) vers l’acidité entraîne la prolifération de germes pathogènes avec l’apparition de maladies, hélas trop bien connues : colibacilloses, cystites, pyélonéphrites, mycoses digestives, sinusites, angines, etc.

 
« DIS-MOI CE QUE TU MANGES, JE TE DIRAI DE QUOI TU SOUFFRES ! »
 
Les terrains trop acides seront corrigés en supprimant les causes d’acidification. La désacidification entraînera ipso facto la disparition des troubles locaux. Ces derniers néanmoins devront faire l’objet de soins attentifs, tant internes qu’externes et ce avec les médicaments ou topiques nécessaires.
 
catherine-kousmine.jpgCatherine Kousmine disait toujours : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai de quoi tu souffres ! » Elle prétendait avec raison que l’équilibre acido-basique passe obligatoirement par une réforme diététique complète.
 
Elle préconisait dans un premier temps un régime faiblement protéiné et riche en végétaux : légumes verts crus et cuits, en céréales et fruits alcalins (bananes, châtaignes, fruits secs sauf l’abricot) et, bien sûr, les eaux alcalines.
 
Progressivement, il conviendra d’introduire dans ce régime des protéines d’origine animale : fromages, œufs et, une fois ou deux par semaine, des dérivés lactés (yaourt maison ou fromage blanc). Enfin et en cas de forte acidité organique il pourra être utilisé des citrates organiques qui rechargeront les réserves alcalines.
 
L’alimentation préconisée par le Dr Kousmine, qui comportait des oléagineux et des huiles végétales de première pression à froid, était riche en acides gras poly-insaturés. Elle fut un véritable précurseur, dont la science confirme aujourd’hui les découvertes empiriques. Mais elle n’avait pas perçu la fragilité de ces acides gras aux radicaux libres, et le rôle important des vitamines anti-oxydantes.
 

 GRANDS EMONCTOIRES ET EQUILIBRE ACIDO-BASIQUE

Les grands émonctoires (les reins, les intestins, les poumons et la peau) jouent un rôle capital dans l’équilibre acido-basique de l’être humain. Les personnes en bonne santé sont celles dont les émonctoires, à leur insu, assurent le rôle d’éliminateurs des toxines organiques. Dans l’équilibre acido-basique, le rein est l’organe qui a la fonction éliminatrice et régulatrice la plus importante. Il est le seul organe capable d’éliminer par les urines les ions H+ (anions acides) liés à des anions non volatiles et il adapte sa sécrétion pour maintenir constant le pH du plasma.
 
Les poumons ensuite interviennent dans la régulation de l’équilibre acido basique en apportant au sang, aux protéinates du plasma et à l’hémoglobine du gaz carbonique qui est transformé en système tampon alcalin par sa conversion biochimique en hydrogénocarbonate, acide carbonique qui maintient le pH du sang entre 7,38 et 7,43.
 
Les intestins participent également à l’équilibre acido-basique organique par l’élimination dans les fèces des toxines acides, des acides et sels biliaires, du cholestérol, des toxines lactiques acides. La peau enfin joue également un rôle déterminant dans le nettoyage cellulaire par l’élimination dans la sueur de l’excès d’acide urique hautement corrosif.
 

 

Equilibre acido-basique

Par Jonathan Léger Raymond

L’équilibre acido-basique de l’organisme est essentiel pour que se produisent les réactions chimiques nécessaires à la survie. Le pH sanguin, qui mesure la concentration en ions hydrogène doit donc absolument rester stable, oscillant autour de 7,4.

Plusieurs aliments ainsi que le stress inhérent à la vie quotidienne représentent des causes d’acidification pour l’organisme. Afin de compenser ce phénomène, les reins filtrent l’acide urique du sang et les poumons expirent le gaz carbonique. Il existe aussi trois mécanismes chimiques pour éliminer les acides du corps, appelés les systèmes tampons.

Que signifie « avoir un problème d’acidité » ?

Souffrir d’acidité signifie que le corps souffre des efforts fournis pour stabiliser le pH, ce qui ne veut pas dire que le pH sanguin devient particulièrement acide. Lorsqu’il peine à lutter contre l’acidification, l’organisme utilise ses réserves en minéraux alcalinisants pour tamponner l’acidité. Ses fonctions vitales et ses structures seront éventuellement affectés par la déminéralisation, notamment le système nerveux, les ongles, les cheveux et les os.

Conséquences de l’acidification

  • Ralentissement du métabolisme
  • Aggravation des problèmes de peau
  • Aggravation des inflammations
  • Épuisement du système nerveux
  • Prolifération des bactéries et des champignons
  • Dérèglement de la flore intestinale
  • Dégénérescence des ongles, des cheveux et des os
  • Tensions musculaires

Conserver l’équilibre acido-basique par l’alimentation

La clef pour se prémunir de l’acidité par l’alimentation est une nourriture riche en minéraux alcalinisants.

Le pH d’un aliment n’est pas toujours un bon indicateur, c’est plutôt sa teneur en minéraux qui nous indique son impact sur l’équilibre acido-basique. En témoigne avec éloquence l’exemple du citron, un fruit alcalinisant bien qu’au pH très acide, grâce à sa richesse en minéraux.

La documentation sur l’équilibre acido-basique abonde en contradiction apparentes et en confusions car la classification des aliments alcalinisants et acidifiants se base sur des comparaisons entre les aliments et demeure donc relative.

De plus, cette classification est un exercice délicat puisqu’une diète normale doit être composée des deux catégories d’aliments.

En général, fruits, légumes, fines herbes et graines sont considérés comme les aliments plus alcalinisants tandis que sucres, céréales, produits laitiers, viandes et légumineuses se retrouvent parmi les groupes d’aliments les plus acidifiants.

Il s’agit donc simplement de modérer la consommation des aliments jugés plus acidifiants relativement à chaque groupe alimentaire et d’infléchir la diète en faveur d’aliments plus alcalinisants. Par conséquent, voici quelques suggestions d’aliments que nous pouvons favoriser dans notre alimentation :

Fruits : Bananes, pommes, poires, pêches, dattes et autres fruits sucrés sont moins acidifiants que les fruits au goût sûr comme les canneberges, les kiwis et les agrumes, hormis les citrons. Les jus de fruits sont souvent trop concentrés en sucre et devraient être consommés modérément.

Légumes : De tous les aliments, seuls les légumes feuillus ou colorés sont véritablement alcalinisants. Brocoli, épinards, kale, germinations, haricots figurent parmi les meilleurs exemples. En revanche, attention aux asperges, cresson, tomates, poireaux, oignons et choux de Bruxelles.

Noix et graines : Les graines sont en général plus alcalinisantes que les noix, parmi lesquelles la moins acidifiante est de loin l’amande, suivie de la noix du Brésil et de coco. Évitez cependant les arachides. Les noix germées gagnent en minéraux et donc en potentiel alcalinisant.

Céréales : Étant donné l’omniprésence de farines raffinées dans les aliments transformés, choisir des aliments préparés avec des céréales et des farines complètes, par conséquent riches en minéraux, fera une grosse différence pour votre équilibre acido-basique.

Viandes et légumineuses : On entend parfois dire que les protéines sont acidifiantes. Il est vrai que la production d’énergie par le corps à partir de protéines produit beaucoup d’acide urique. La nuance est que les protéines ne deviennent une source particulièrement importante d’acidité que lorsqu’elles constituent une forte proportion de nos sources d’énergie quotidiennes, au-delà d’un gramme par kilo de poids corporel. Notez que les protéines des viandes renferment davantage de soufre que les protéines végétales, ce qui en font une source d’acide sulfurique plus importante.

Produits laitiers : Consommez-les avec modération si vous avez tendance à souffrir d’acidité. Le yogourt et les fromages durs, surtout ceux qui sont vieillis, comptent parmi les aliments les plus acidifiants. Le petit-lait est davantage alcalinisant, parcomparaison.

Sucres : Les sucres comptent parmi les aliments les plus acidifiants, car une partie des glucides se changera en acide lactique dans l’organisme. Quant aux sucres raffinés, ils sont une des pires sources d’acidité! Fuyez-les comme la peste et régalez-vous plutôt de sucres non raffinés comme le sucre de canne biologique, le sirop d’érable ou la mélasse verte. Fallait-il une autre raison de mettre les boissons gazeuses au rancart ?

Infusions : Certaines plantes sont plus riches en minéraux, comme l’avoine, l’ortie, le trèfle rouge ou la prêle. Préparées sous forme de tisane, elles peuvent constituer un apport significatif en minéraux et remplacer avantageusement le thé ou le café. Les breuvages stimulants sont en effet une source de stress pour le système nerveux et de plus ils sont fortement diurétiques, ce qui favorise l’excrétion des minéraux. Les infusions d’herbes purifiantes et toniques des reins peuvent aussi aider l’organisme à éliminer les acides, par exemple la fleur de sureau, le pissenlit ou l’ortie.

Le rôle clé de la respiration

Notre manière de respirer est étroitement liée à notre état psychologique et tout cela a un impact majeur sur notre équilibre acido-basique.

Ne sous-estimez pas l’impact de quelques respirations profondes sur votre taux d’acidité, qui peut être infléchi à la baisse en quelques instants de relaxation. C’est pour cela qu’un sommeil adéquat est également crucial, étant une longue période de repos combiné à une respiration régulière et profonde.

La simplicité, gage d’efficacité

Il suffit souvent de quelques simples bonnes habitudes pour préserver son équilibre acido-basique. Une saine alimentation sera largement salutaire: manger davantage de fruits et de légumes foncés et feuillus, éviter les sucres et les céréales raffinés, les excès de stimulants, de protéines ou d’alcool. Ne reste plus qu’à respirer par le nez et à prendre la vie avec un grain de sel et le tour est joué!

Références

1. Brown, Susan. The Acid-Alkaline Food Guide

2. Hosch, Harald. Rétablir et maintenir l’équilibre acido-basique, le Courrier du livre, France, 2010.

3. Vasey, Christopher. Gérez votre équilibre acido-basique, éditions Jouvence, France, 2008.

4. Blog de Jean-Yves Dionne : Acidification, mythe ou réalité

5. Passeport Santé

À propos de l'auteur...

Thérapeute en Ayurvéda et herboriste accrédité, Jonathan Léger Raymond est en Inde pour une 5e fois afin d'approfondir son expérience de l'art Ayurvédique.

Acidification: mythe ou réalité ?

Sur le site Extenso.org, on peut lire que la notion d’acidification du corps est un mythe, que: «Acide ou non, aucun aliment n’influence le degré d’acidité du sang ou des cellules de votre organisme.»(1) Cette dernière affirmation est vraie, mais la conclusion qu’on en tire est tellement simpliste qu’elle en devient erronée. Parce que les pH sanguin et cellulaire ne changent pas, on en déduit que l’acidification est un mythe! Vous remarquerez d’ailleurs que les articles du site Extenso.org ne sont pas ou presque jamais référencés, comme si leur opinion faisait force de loi. La science, la vraie, n’a rien en commun avec une approche dogmatique basée sur les croyances personnelles. Bien au contraire, elle se fonde sur le doute scientifique et la démonstration. Il est donc important de remettre les pendules à l’heure, de sortir de l’opinion, si universitaire soit-elle, et d’entrer de plein pied dans l’explication des mécanismes à partir des faits et de la science.

Qu’est-ce que l’acidification?

Primo, il est vrai que le corps met absolument tout en œuvre pour que le pH du sang se maintienne à 7,4 (entre 7,36 à 7,44). La moindre variation hors de ces limites implique un désordre pathologique aux conséquences graves: l’acidose ou l’alcalose métabolique. Ces deux conditions mènent tout droit à l’hôpital.

Cependant, lorsqu’on affirme que l’acidification est un mythe, on élude la véritable question: Quel est l’effort que doit fournir le corps pour maintenir l’alcalinité du sang? C’est dans cette recherche du mécanisme qu’on comprend l’importance de l’équilibre acido-basique.

Une variation des pH cellulaire et sanguin (même si elle est aussi minime que 0,01) modifie l’état des molécules en solution dans et autour des cellules. Ainsi, une molécule acide est ionisée (scindée en ions positif et négatif) dans une solution alcaline. Par exemple, lorsqu’ajoutée à un liquide légèrement alcalin, l’acide acétique (vinaigre) se divise en sa molécule de base (CH3COO-) et son proton (H+). Dans un liquide acide, il ne se divise pas (CH3COOH). L’ionisation des molécules affecte les échanges entre les cellules et le milieu ambiant extracellulaire. Par exemple, une certaine molécule traversant la membrane cellulaire dans un état neutre peut ne pas la traverser dans un état ionique, ou vice versa. Ce transport selon l’état ionique varie d’une molécule à l’autre en fonction de leurs transporteurs respectifs ou de la diffusion passive.

Lorsqu’une trop grande quantité de molécules acides (déchets métaboliques) se retrouve dans le liquide extracellulaire, le système devient surchargé, limitant sa capacité à éliminer ces déchets.

Pour bien illustrer les mécanismes en cause, prenons l’exemple de la caféine. Une fois qu’elle a produit son effet stimulant, la caféine doit être métabolisée et ensuite éliminée. Le métabolite de la caféine est l’acide urique, un acide que vous connaissez peut-être pour son rôle dans la goutte. Comme cet acide est difficile à éliminer par le rein, le corps le neutralise pour en faire un sel (neutre = plus facile à éliminer). Cette neutralisation s’accomplit à l’aide des minéraux alcalins du corps, notamment le calcium, le magnésium et le potassium (via les structures qu’on nomme les tampons carbonates ou phosphates… mais ceci nous amènerait trop loin et l’explication deviendrait nébuleuse… si elle ne l’est pas déjà ). En bout de ligne, nous obtenons un sel neutre de l’acide urique nommé urate de calcium (ou de magnésium, potassium, etc.).

Conséquences de l’acidification

Vous aurez compris que la neutralisation des acides par les minéraux entraine automatiquement une augmentation de l’élimination de ces mêmes minéraux. Si la diète n’apporte pas en abondance les aliments qui génèrent des outils de neutralisation (des minéraux alcalins, des déchets alcalins), le corps doit puiser dans ses réserves pour fournir ces minéraux. Ces réserves, ce sont les os. L’acidification du terrain (ou du corps) est donc reconnue par plusieurs experts comme la cause première de l’ostéoporose.(2,3)

Cet effort de neutralisation n’est pas seulement un facteur de risque de l’ostéoporose. L’acidification est impliquée dans de nombreuses conditions qui sont des conséquences directes ou indirectes de l’épuisement des capacités de neutralisation et d’équilibre. La diète acidifiante est associée à:

 

* Perte de magnésium (4)

* Augmentation du poids corporel (5)

* Augmentation du tour de taille (syndrome métabolique) (5)

* Marqueurs de maladies cardiaques (6)

– Cholestérol élevé

- Hypertension

– Acide urique (syndrome métabolique & goutte) (7)

* Lien potentiel avec le risque de cancer

* Réduction de la résistance au stress (cortisol élevé) et troubles de l’humeur (8)

* Réduction de la masse osseuse (9)

 

On comprend donc l’importance de l’équilibre acido-basique dans le maintien de la santé et la prévention de la maladie.(10)

Qu’est-ce qu’une diète acidifiante?

Il faut d’abord distinguer un aliment acide d’un aliment acidifiant. Un aliment acide, comme les agrumes ou la tomate, a lui-même un pH acide. Un aliment acidifiant peut quant à lui avoir un pH alcalin, neutre ou acide. On définit un aliment acidifiant comme un aliment qui, une fois métabolisé, génère des déchets acides dans le corps. Ainsi, une viande rouge est acidifiante parce que ses protéines génèrent divers acides (dont l’acide urique) dans le corps, mais, dans votre assiette, son pH se situe très près du neutre.

Une diète acidifiante comprend beaucoup d’aliments acidifiants et peu d’aliments alcalinisants. On détermine la qualité acidifiante ou alcalinisante des aliments par un test nommé PRAL (Potential Renal Acid Load) ou charge rénale acide potentielle (potentielle parce que cette mesure se fait dans l’aliment et présume du métabolisme pour calculer les acides qui seront créés dans le corps et éliminés par le rein). Plus la valeur du PRAL est élevée, plus l’aliment génère des acides. Plus il est négatif, plus l’aliment génère des bases (alcalins).

Les viandes rouges et les fromages (surtout les fromages industriels comme les tranches cinglées ou tous ceux dont la liste d’ingrédients commence par substances laitières modifiées) sont parmi les pires coupables. La diète Nord-américaine est l’exemple parfait d’une diète acidifiante: riche en protéines animales et en aliments raffinés ayant perdus leur nutriments utiles, et très pauvre en fruits et légumes, voire dépourvue d’aliments riches en nutriments.

Qu’est-ce qu’une diète alcalinisante?

À l’opposé, les aliments alcalinisants (qui ne sont pas nécessairement alcalins) fournissent des déchets alcalins ou des minéraux alcalins, véritables munitions pour lutter contre l’acidification. Les plus grands alcalinisants sont les légumes, particulièrement les légumes verts.(5)

Question d’équilibre

Vous l’aurez deviné, les aliments acidifiants sont beaucoup plus riches en protéines que les alcalins. Une diète parfaitement alcalinisante n’est donc pas idéale puisqu’elle comporte le risque très réel d’une carence en protéines. Ce qui, entre vous et moi, n’est pas mieux. L’important est donc de fournir suffisamment d’aliments alcalinisants pour équilibrer l’impact des aliments acidifiants.

Comme je me plais à le répéter, l’alimentation n’est pas une religion. Il faut chercher l’information et l’adapter à notre réalité pour en tirer le maximum de bénéfices.

Un dernier point

Certains auteurs laissent entendre que tous les aliments s’insèrent dans une échelle, des plus acidifiants aux plus alcalinisants. Théoriquement, c’est vrai. Par contre, sachez que les aliments n’ont pas tous été testés. Ici comme ailleurs, utilisez le GBS (gros bon sens). Évitez de faire de l’équilibre acido-basique une préoccupation majeure. Ce n’est qu’un aspect de la nutrition. Important soit, mais partie intégrante du casse-tête de la table.

Santé!

JYD

Références:

1. Certains aliments «acidifient» le corps. Échelle de crédibilité scientifique sur www.extenson.org 3 novembre 2009. Par Nutrium, centre de référence en nutrition de l’université de Montréal.

2. Tucker KL, Hannan MT, Kiel DP. The acid-base hypothesis: diet and bone in the Framingham Osteoporosis Study. Eur J Nutr 2001;40:231–7.

3. McGartland CP, J Robson PJ, Murray LJ, et al. Fruit and vegetable consumption and bone mineral density: the Northern Ireland Young Hearts Project. Am J Clin Nutr 2004;80:1019 –2

4. Rylander R, Remer T, Berkemeyer S, Vormann J: Acid-base status affects renal magnesium losses in healthy, elderly persons. Journal of Nutrition. 2006;136:2374-7.

5. Remer T, Berkemeyer S, Rylander R, Vormann J: Muscularity and adiposity in addition to net acid excretion as predictors of 24-h urinary pH in young adults and elderly. European Journal of Clinical Nutrition.2007;61:605-9.

6. Murakami K, Sasaki S, Takahashi Y, Uenishi K: Association between dietary acid-base load and cardiometabolic risk factors in young Japanese women. British Journal of Nutrition. 2008, 100:642-51.

7. Maalouf NM, Cameron MA, Moe OW, Adams-Huet B, Sakhaee K. Low urine pH: a novel feature of the metabolic syndrome. Clinical Journal of the American Society of Nephrology. 2008;2:883-88.

8. Torres SJ, Nowson CA, Worsley A. Dietary electrolytes are related to mood. British Journal of Nutrition. 2008;100:1038-45.

9. Wynn E, Lanham-New SA, Krieg MA, Whittamore DR, Burkhardt P: Low estimates of dietary acid load are positively associated with bone ultrasound in women older than 75 years of age with a lifetime fracture. Journal of Nutrition 2008;138:1349-54.

10. Vormann J, Remer T: Dietary, metabolic, physiologic, and disease-related aspects of acid-base balance: foreword to the contributions of the second International Acid-Base Symposium. Journal of Nutrition. 2008;138:413S-414S.

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